Vers un climat artificiel ?

Le GIEC : « la communication avant tout »

Avec la parution des 3 derniers « rapports spéciaux » (réchauffement climatique supérieur à 1.5°C, dégradation des sols, dégradation des océans), le GIEC sort de sa mission d’évaluation du climat pour aborder des sujets plus rassembleurs et chers aux écologistes. L’objectif marketing est visible : reverdir une image écornée d’organisation à la solde des lobbies industriels préparant la mise en place de la manipulation industrielle du climat (géo-ingénierie), afin d’apparaître comme l’autorité scientifique mondiale sur le changement climatique et maintenant sur l’écologie.

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« COMMENT REVERDIR SON IMAGE EN PRÉEMPTANT DES SUJETS CONSENSUELS À DES ORGANISMES ET DES RAPPORTS À LA LIMITE DE SA COMPÉTENCE »

Le climat est devenu un enjeu politique majeur. Nos sources d’informations sur le climat sont-elles objectives ou sous influence ? Le GIEC qui vient de sortir un nouveau rapport spécial fait partie des sources très présentes au sein des médias. Á travers l’étude de ce dernier rapport essayons de comprendre ce qui se cache derrière un telle publication.

Le GIEC est le Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat. Il regroupe 195 gouvernements. Il a été créé en concertation avec l’ONU à la demande du G7 dont le but est la croissance économique et les profits. Il ne vous aura pas échappé que le I de GIEC ne signifie pas International mais Intergouvernemental, preuve de l’influence de chaque gouvernement sur les travaux demandés et surtout sur les résumés consensuels (synthèse) fournis par cet organisme. Les gouvernements pouvant être influencés par différents lobbies économiques ; pourquoi le GIEC serait-il à l’abri de telles influences ? [1]

Les précédents rapports fournis par le GIEC alertaient sur les conséquences désastreuses d’un réchauffement climatique excédent 2°C par rapport à l’ère préindustriel et mettaient en avant la géo-ingénierie (manipulation industrielle de climat en jouant aux apprentis sorciers) comme solution à la limitation du réchauffement climatique à 1,5°C (cf. nos précédentes publications ici).

Le rapport d’août 2019 aborde la thématique de l’utilisation des sols et intervient à la suite de la sortie de deux autres rapports, l’un publié par l’UNCDD (Nations Unies pour la lutte contre la désertification) sur Les perspectives mondiales des Terres (sept. 2017), l’autre publié par l’IPBES (Plateforme Intergouvernementale sur la Biodiversité et les Ecosystèmes, dépendant de l’UNESCO et de l’ONU Environnement) sur l’Évaluation de la dégradation et restauration des sols (mai 2019).

On peut s’interroger sur l’utilité de ce « rapport spécial » du GIEC, 2 mois seulement après celui d’un organisme équivalent, regroupant 132 gouvernements, créé récemment en 2012, dédié à la biodiversité et aux écosystèmes et donc plus à même de traiter le sujet des sols.

Depuis sa création en 1988, le GIEC a émis des rapports d’évaluation sur le changement climatique à peu près tous les 6 ans (1990, 1995, 2001, 2007, 2014). En parallèle, 9 rapports spéciaux sur des thématiques particulières ont vu le jour. Le dernier était paru en 2012. Puis la machine à rapport spéciaux s’emballe puisque 3 rapports sont commandés avec des parutions en octobre 2018 (conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C), août 2019 (Utilisation des terres) et septembre 2019 (L’océan et la cryosphère).

Ces rapports sont tous conçus selon la même méthode pour un sujet donné. Ils établissent la synthèse des données scientifiques, gouvernementales ou industrielles, puis les conséquences et enfin les préconisations ou solutions possibles.
Qu’on ne s’y trompe pas : synthèse veut bien dire qu’on choisit et assemble des études existantes, à aucun moment le GIEC ne fait de recherche scientifique, pire, les données sont scientifiques ou bien proviennent de rapports gouvernementaux ou industriels.
Les industries vont ainsi au-delà du lobbying puisque leurs données sont directement prises en compte et présentées comme provenant d’experts scientifiques faisant autorité [2].
Ainsi le choix de ces thématiques du sol et de l’océan est essentiel car il sensibilise l’opinion publique sur des sujets précis, oriente indirectement les financements des travaux de recherches, sur lesquels les futurs rapports s’appuieront, et valorise l’emprise mondiale du GIEC sur la communication autour de l’écologie au sens large alors qu’il ne traitait jusqu’à présent que de sujets climatiques.
Ne s’agit-il pas là d’une stratégie marketing et politique ?
Il nous a paru intéressant de comparer les deux rapports (GIEC et IPBES).
Tous deux font le même constat alarmant :
—  70% des terres émergées non glacées sont affectées par l’homme dont plus d’un tiers sont dégradées (érosion par les champs agricoles).
—  Croissance de l’émission des gaz à effet de serre, dégradation et perte des écosystèmes naturels, déclin de la biodiversité, dégradation due au changement climatique, perte des zones de permafrost, désertification.
—  Hausse de la température plus importante sur les sols (+1.5°C contre +0.9°C globale), fréquence et intensité des événement climatique extrême.
—  Climat et traitement de sols sont intimement liés.

Pour l’IPBES les causes sont clairement énoncées (3), la dégradation est due :
—   A l’expansion non durable de la production industrielle agricole,
—   A la surexploitation minière et des ressources naturelles,
—   A l’industrie au sens large,
—   A la surexploitation forestière,
—   A l’urbanisation galopante et à la construction d’infrastructure.

Pour le Giec les causes sont présentées sous un aspect très différent. Aucune remise en cause du monde industriel chère au G7 et de la surexploitation des ressources. Les causes sont :
—   La croissance de la population mondiale et l’évolution de la consommation par habitant (plus d’huile végétale et de viande consommée avec un doublement depuis 1961) avec comme résultat 2 milliards d’individus en surpoids ou obèses, 821 millions d’individus en sous-nutrition,
—   L’agriculture et la sylviculture via leurs émissions de gaz à effet de serre,
—   Le changement d’utilisation des terres (déforestation, urbanisation).

Ainsi le consommateur est rendu principalement responsable. Même s’il l’est en partie, penchons-nous sur le cas particulier de la consommation d’huile végétale. Il convient en effet de préciser que l’huile de palme ayant une meilleure réponse aux engrais (gros rendement) mais pourtant désastreuse par leurs graisses saturées pour la santé, a supplanté toutes les autres huiles végétales pourtant plus riches en Omega3. Les conséquences de ce choix économique fait par l’industrie agro-alimentaire est une pandémie d’obésité (4). Alors qui est réellement responsable du changement de consommation en huile végétale ? Le consommateur ?

Alors que l’IPBES précise que les zones où la population locale gère durablement son agriculture sont exemptes de dégradation, et alerte sur la surexploitation industrielle agricole ou sylvicole, le GIEC stigmatise l’agriculture et la sylviculture dans son ensemble.

Les solutions et les modèles.
L’agriculture d’après le GIEC peut aussi faire partie des solutions et des réponses à apporter… à conditions de réaffecter 7 millions de km2 (14 fois la superficie de la France soit celle du continent australien en totalité) à la production de bioénergie sans oublier d’utiliser les techniques de géo-ingénierie comme le CRD (Carbon Dioxyde Removal) pour faire baisser le coût des denrées alimentaires (chap 6.4.4.2)
L’enfouissement du carbone est aussi évoqué tout en admettant que c’est une solution à risque (ex : en cas d’inondation) et pas éternelle (saturation).

A côté de solutions préconisées pleines de bon sens comme la restauration des écosystèmes (tourbières, mangroves, zones humides côtières …), l’utilisation de graines locales et vivaces (générant des semis), la gestion durable des terres y compris des forêts et la fin du gaspillage on trouve malheureusement aussi l’appel à plus de technicité pour la gestion de fertilisants ou la modification génétique.

On remarque également, qu’après avoir vanté les mérites de la bio-industrie dans le rapport spécial destiné à la COP24, devant la levée de boucliers des écologistes qu’il tente de récupérer, il la condamne sans équivoque dans celui destiné à la COP25.

Le rapport se termine sur l’appel à la mise en place d’une gouvernance pour une politique foncière et climatique concertée et le renforcement des capacités institutionnelles.

En comparaison les préconisations de l’IPBES sonnent justes et sont valorisées par la description d’exemples de restaurations d’écosystèmes réussies : amélioration de la qualité des sols, contrôle des sources de pollutions, replantation des espèces locales, amélioration du traitement des eaux, ré-inondation des zones humides endommagés, incitations récompensant les terres durables et meilleures coordination entre agriculture, sylviculture, eau, énergie, infrastructures.

En conclusion, le GIEC faisait peur quand il parlait climat, tant par la description des désastres à venir que par les solutions de géo-ingénierie qu’il préconisait. Il sort maintenant de sa mission de base liée au climat et tente de s’approprier un sujet écologiste plus rassembleur pour verdir ses solutions toujours à base de géo-ingénierie et de toujours plus de technologies. Si les combats pour une gouvernance climatique avaient commencé, on ne s’y prendrait pas différemment.

[1Parmi les 30 organisations « participantes » à la conception des rapports on trouve :
—   International Atomic Energy Agency (IAEA
—   International Maritime Organization (IMO),
—   International Civil Aviation Organization (ICAO)
—   World Tourism Organization (UNWTO).
On notera que l’OPEC (Organization of Petroleum Exporting Countries) intervient comme organisation « observante ».
Ces organisations participent à la nomination des experts « auteurs » des rapports.

[2https://www.ipcc.ch/about/preparingreports/
sources pour les rapports : « littérature scientifique et socio-économique scientifique examinée par les pairs et sélection de littérature non examinée par les pairs produite par d’autres institutions compétentes, y compris l’industrie. »
Ou plus loin : « Bien que la priorité soit accordée aux ouvrages examinés par des pairs, le GIEC reconnaît que des ouvrages non examinés par des pairs, tels que des rapports de gouvernements et de l’industrie, peuvent être essentiels pour étendre la portée et la profondeur du rapport. »

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